Xavier Lafitte

À propos

Calendrier du monde sauvage

LE CALENDRIER DU MONDE SAUVAGE

En toute création, il y a un déclencheur.

Le « Calendrier du monde sauvage » vient de mon besoin personnel de plus en plus prégnant de garder un contact fort avec la nature, avec le sauvage, à mesure que ma vie de comédien m’en éloignait de plus en plus. Ces dessins sont nés d’un livre qui me fut transmis en 1996 : « La Grande Migration », un ouvrage de photos de Carlo Mari et de textes de Harvey Croze, préfacé par le célèbre naturaliste Peter Matthiessen.

Ce livre traite, tout au long d’une année, de la grande migration des gnous, zèbres et antilopes de Thomson au Serengeti et dans les plaines du Masaï Mara. 

Ce livre est très vite devenu un pilier fondateur pour mes recherches artistiques sur les relations que l’homme entretient avec les cycles immuables de la nature, le temps, la mort. J’avais l’intuition que mes futurs travaux seraient de fait dédiés à la protection des milieux naturels, de la diversité du vivant, de la Création, dans un questionnement permanent de notre rapport au monde et au temps.

Sans doute trop occupé à poursuivre d’autres projets en lien avec la nature, il me fallut des années de recherches, de réflexions sur ma condition de citadin, de rencontres, de développement de nouvelles créations (plastiques, littéraires ou cinématographiques) pour que le « Calendrier du monde sauvage » trouve finalement sa forme, sa plasticité, son sens.

Ce concept nouveau naît littéralement en réaction à ma vie de citadin.

Je devais répondre à ce besoin personnel de me reconnecter au sauvage. Il me fallait traduire par le dessin un militantisme, une prise de conscience née dès les années 90. 

Il me fallait enfin créer une œuvre poétique et symbolique, un concept qui humblement redimensionnerait notre rapport à l’œuvre d’art, qui nous inviterait ainsi à la toucher, à la considérer pour ce qu’elle est : un trait d’union avec le monde sauvage

Une œuvre vivante.

Un concept nouveau et ludique...

Un dessin que l’on tourne au fil du temps...

Un dessin pour connecter l’homme urbain au monde sauvage...

L’ART POUR SE CONNECTER À SOI-MÊME

J’ai toujours été émerveillé par les grandes migrations animales. Où que l’on soit sur Terre, elles croisent nos vies et nous entourent de près ou de loin. Il suffit d’y prêter attention, de lever les yeux au ciel ou d’observer l’horizon pour apprécier quelques uns des plus spectaculaires phénomènes du monde sauvage.

Mais, issus d’une si lente évolution, que peuvent nous apprendre ces gigantesques rassemblements d’animaux migrateurs ? N’y a-t-il pas là, un moyen formidable pour l’espèce humaine, capable de réflexion sur elle-même, de révéler au monde toute son humanité ?

C’est par un long chemin personnel, fait de rencontres et de recherches dans des domaines économiques, scientifiques, sociologiques mais surtout, dans le fond, philosophiques, que j’ai tenté de dégager une question qui m’apparaît chaque jour plus fondamentale et à laquelle j’ai souhaité répondre au travers de ces dessins :

Fragilisée par sa propre intelligence créatrice, qui a su modifier si profondément son environnement, l’Humanité saura-t-elle retrouver cet état d’équilibre que symbolisent si bien les grandes migrations ?

C’est ainsi que j’ai progressivement imaginé le « Calendrier du monde sauvage », une œuvre à la fois esthétique et symbolique, sensible et humaniste. Pourquoi ?

Sans doute pour inviter à garder à l’esprit toutes ces réflexions, et surtout garder un lien organique avec la temporalité propre de la nature, une fois l’œuvre d’art entrée dans l’intimité de celui qui la possède.

UN DESSIN TÉMOIN DE MA VISION DE L’ART

Je crois que l’œuvre d’art doit tenir un rôle de révélateur.

C’est en dépassant le caractère simplement esthétique et plaisant que l’œuvre peut nous aider à penser.

Ces dessins, inévitablement militants et politiques, ont pour vocation de porter un regard positif, poétique, et philosophique sur notre place au monde.En célébrant sa beauté, la Création, il s’agit aussi de sensibiliser à ce que l’on appelle les Communs, cette nature qui nous donne la vie. Sinon... quoi d’autre ?

SYMBÔLISME

Au-delà de sa structure et de son organisation particulière, chaque œuvre comporte des éléments symboliques qui ouvrent à d’autres niveaux de lecture que la simple migration des animaux représentés. Chaque spectateur y trouve ainsi son chemin personnel, sa propre compréhension du dessin et tout ce qu’il raconte.

LA COMPOSITION DU DESSIN

Chaque jour, je crée des œuvres entièrement conçues à la main et par l’esprit.

Chaque dessin est ici réalisé avec minutie et une extrême patience.

L’utilisation de l’encre noire, de la plume et du pinceau sur papier, est un choix difficile mais un retour à la tradition et aux origines auxquelles les œuvres font constamment référence.

Chaque dessin raconte la vie d’un animal migrateur.

En passant d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, le spectateur est invité à tourner le tableau pour vivre en harmonie avec cette migration et la nature représentées, tout au long de l’année. C’est à la fois un calendrier et une carte géographique qui nous sont proposés.

LE ROND ET LE CARRÉ

Ce n’est qu’à partir des créations de 2019, à l’occasion de ma sélection pour le concours international organisé par la maison Hermès autour du carré de soie, qu’une évolution majeure est apparue : si la Nature crée touche chose « ronde », l’Homme ne crée que des choses « carrées ». C’est ainsi que j’ai eu le sentiment d’aboutir mon travail de recherche au travers du « Calendrier du monde sauvage », celui de magnifier la beauté de la Création tout en concevant des œuvres symboliques capables de rendre une vision anthropomorphique du monde à laquelle les œuvres tentent humblement de mettre en garde.

Peut-être est-il simplement question de considérer notre juste place sur terre et d’en observer sa beauté.

Avec cette nouvelle architecture, où le « rond » de la Nature s’inscrit dans le « carré » de toute création humaine, le « Calendrier du Monde Sauvage » trouve ici sa forme aboutie.

EN CONCLUSION

Je souhaite offrir humblement un moyen nouveau de redimensionner notre rapport à l’œuvre d’art par l’invitation à toucher régulièrement l’œuvre et se connecter à ce qu’elle nous raconte du monde et de nous-même.

Ces œuvres vivantes accompagneront ainsi la longue marche qui nous attend tous devant les changements environnementaux qui affectent, aujourd’hui et demain, le sort de l’Humanité et donc celui de mes enfants.

Il s’agit à mon sens de garder un rapport intime à la Vie.